[…] Le nouveau film de Taïeb Louhichi, La Danse du vent, est à cet égard passionnant car il livre l'interrogation sans complaisance d'un cinéaste sur son rôle à un moment où les cinématographies africaines sont traversées par ces questions et tant d'autres qui les font bouger autant qu'elles les mettent en péril. Le film est lui aussi réalisé en numérique, ce qui l'oblige à délaisser les grands espaces du désert de Leyla ma raison ou surtout du magnifique L'Ombre de la terre (1985), son premier long métrage qui suivait l'évolution forcée de familles nomades, pour ne le filmer que de près, l'ancrer dans la relation avec le personnage par un angle de caméra délaissant la profondeur de champ mais trouvant une autre façon de l'aborder, plus intime sans doute, centré sur sa matérialité : le cinéaste algérien Mohamed Chouikh, qui interprète remarquablement le réalisateur bloqué au milieu de nulle part par une panne de son 4x4 et porte véritablement le film, épouse peu à peu le sable et le sel des éléments au fur et à mesure de la prise de conscience de son isolement. Ses visions, qui cernent la complexité de son rapport à la création, sont autant de fata morgana illusoires mais débouchent sur l'affirmation du sens du cinéma : malgré toutes les difficultés, même dans une autre vie, le réalisateur poursuivra son rêve de film. […]
Moyens Métrages
Gorée, L'Ile Du Grand-Père
Courts Métrages